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Home Actualités Actualités françaises AG du 3 février 2010 : Entre équateur et tropiques
Actualités françaises

Assemblée générale du 3 février 2010

Conseil général de la Guyane, Cayenne

Entre équateur et tropiques

Quand l’ADEGE (agence nationale pour la démoustication et la gestion des espaces naturels démoustiqués) traverse l’océan pour réunir son assemblée générale, c’est pour marquer l’importance qu’y jouent les collectivités d’outre-mer et la prévalence des problématiques sanitaires liées aux moustiques.

Lancement du « LIFE+ »

Le choix de Cayenne, pour la première fois en 14 ans d’existence de l’agence, a en outre permis de souligner l’engagement des conseils généraux de la Guyane et de la Martinique dans le projet Integrated mosquito control management (IMCM), retenu dans le cadre du programme européen LIFE+. Une réunion technique spécifique, durant toute une journée, a permis d’avancer dans le partage des tâches, dans la désignation des responsables nationaux et des correspondants de chaque partenaire, à raison des 6 thématiques du projet, et d’adopter un mode de fonctionnement consensuel. On peut donc dire que le projet est désormais lancé !

http://lifeplusmoustique.eu/index.php

Résolution, lobbying et CST

A côté d’un accueil formel par le président du conseil général de la Guyane, Alain Tien-Liong, accompagné par trois vice-présidents de la collectivité, en particulier Albéric Benth, délégué à l’Action sanitaire et aux Transports, et de plusieurs visites de terrain (zones naturelles, service de démoustication, Institut Pasteur de Cayenne), l’assemblée générale de l’ADEGE, qui s’est tenue dans la salle des délibérations du Département, le 3 février, a fait ressortir trois points essentiels :

 

1- Le principe d’une résolution (ci-dessous) a été adopté, retraçant la situation tendue en matière d’insecticides et d’épandages aériens et reprenant les demandes des opérateurs de démoustication, à adresser aux ministères (en particulier Ecologie et Santé), aux instances européennes, aux exécutifs territoriaux et aux parlementaires des régions concernées. En parallèle, une démarche de lobbying, nationale et européenne, sera reprise, à l’instar de ce qui a été fait au début des années 2000, avec la perspective d’un colloque au Parlement européen, à Bruxelles, à l’automne prochain.

 

2- La composition du conseil scientifique et technique (CST) a été cernée. Les secrétaires de ce conseil (André Yebakima et Jean Cousserans) puis, à leur suite, les élus composant l’AG de l’ADEGE ont fait des propositions. Mais c’est le président du CST, Pierre Guillet, qui formalisera les nominations. Le CST est plafonné à 8 membres et constituera également le conseil du projet IMCM / LIFE+. Outre le président Guillet et le vice-président délégué, Pierre Carnevale (IRD), déjà acquis, ainsi que les présidents des CST des EID Méditerranée (Pr. Rioux) et Atlantique (Pr. Marjolet), membres de droit, les 4 autres titulaires ont été pressentis et pourront se voir associés ponctuellement, en fonction des problématiques évoquées, d’autres spécialistes.

3- L’ouverture de l’ADEGE à des administrations déconcentrées de l’Etat, comme suite à une demande des DDASS de La Réunion et de Mayotte, a été approuvée, mais en tant qu’invitées, pour des sessions techniques, avec l’aval des collectivités territoriales de leur resort.

 

Quelques autres sujets pertinents

Outre les cinq points principaux évoqués plus haut, l’AG de l’ADEGE, en Guyane, a traité quelques autres sujets importants.

Formations

Initialement centrés sur les agents des trois EID (Méditerranée, Atlantique, Rhône-Alpes), les stages  ADEGE / CNFPT verront leur capacité portée de 16 à 20 participants, 8 places étant affectées aux services de conseils  généraux. De leur côté, les services d’Antilles / Guyane envisagent de monter des sessions spécifiques, en partie ouvertes aux organismes métropolitains.

Convention « albopictus »

Une fois arrivée à échéance, en 2012, la convention signée avec la DGS par l’EID Méditerranée, au nom de l’ADEGE, pour la surveillance / piégeage d’Aedes albopictus en métropole, le sera directement par l’ADEGE, désormais association loi-1901, l’EID-Med en assurant la coordination, sous l’égide du comité de suivi technique de l’agence.

Colloques et congrès

Pour populariser l’ADEGE auprès de ses interlocuteurs, il a été convenu que les colloques organisés par ses membres bénéficieront du label de l’agence. Condition pratique : harmoniser les calendriers. Outre deux manifestations déjà programmées (congrès de l’EMCA, en octobre 2011 en Rhône-Alpes, et colloque conclusif du projet « LIFE+ », en 2013 à Montpellier), deux autres colloques (Atlantique et Méditerranée) sont en gestation

Résolution adoptée unanimement, mercredi 3 février 2010

Dans l’esprit et la continuité de deux motions de principes adoptées par l’ADEGE, en 2000 à Fort-de-France et en 2005 à Montpellier, et de démarches entreprises par les opérateurs publics français et européens auprès des ministères de leurs Etats respectifs, de la Commission et du Parlement européens, les élus réunis en assemblée générale de l’ADEGE, le 3 février 2010 à Cayenne (Guyane), adoptent la résolution suivante.

Principes et arguments

1. Les opérateurs publics de démoustication appliquent les décisions de leurs collectivités de tutelle, qui fixent les objectifs politiques pour un développement durable, en matière de contrôle de la nuisance due aux moustiques comme de lutte anti-vectorielle, et qui mettent à disposition les moyens nécessaires : précision en terme d’efficacité ; maîtrise des effets non intentionnels ;  recherche, au plan économique, du meilleur coût, compte tenu de la satisfaction des deux conditions précédentes.

 

2. L’objectif de base, dans une optique de lutte raisonnée, rend indispensable l’accès à une pluralité de substances actives insecticides, afin de :

- tenir compte de la diversité des milieux d’intervention et de la biologie des espèces culicidiennes visées.

- prévenir et gérer les phénomènes de résistance des moustiques aux insecticides utilisés.

- contrôler les nuisances consécutives aux échecs de la lutte anti-larvaire par des traitements anti-adultes.

- intégrer le risque représenté par la présence d’espèces culicidiennes reconnues vectorielles et l’apparition d’espèces nouvellement importées et potentiellement vectorielles.

- contrôler les épisodes épidémiques avant l’apparition de situations difficilement gérables.

 

3. Les propriétés d’un insecticide et son impact ne peuvent être séparés des modalités justifiant son choix et de la manière de l’utiliser. Une méthodologie très sophistiquée (lutte anti-larvaire utilisant une cartographie écologique basée sur l’étude des relations moustiques - milieu), motivée aussi bien par l’efficacité que par le respect de la biodiversité et des équilibres naturels, a été conçue dès leur origine par les opérateurs en charge de cette lutte.

 

4. Les situations sont différentes selon les zones couvertes par les programmes de démoustication (à l’intérieur d’une même région comme entre régions différentes : climats méditerranéen - océanique - continental - tropical), en ce qui concerne la faune et la flore des milieux considérés, ainsi que les objectifs à atteindre (contrôle d’une nuisance et/ou lutte anti-vectorielle). Les stratégies opérationnelles peuvent varier mais les principes et la méthodologie de base sont  identiques.

 

5. Il est impératif de disposer d’un moyen contre les moustiques à l’état adulte, dont il faut optimiser l’emploi de manière à l’intégrer dans la stratégie opérationnelle, comme cela se pratique partout :

- pour parer aux échecs inévitables mais prévisibles de la lutte anti-larvaire.

- pour contrôler d’éventuels épisodes endémiques (dengue, chikungunya, virus du Nil occidental, paludisme, fièvre jaune).

 

6. La protection des écosystèmes, plus particulièrement des zones humides, sources de richesse et aussi de dangers (zoonoses et anthroponoses vectorielles), est une préoccupation permanente des opérateurs de contrôle des phénomènes de nuisance ou d’épisodes épidémiques, dans une optique de développement durable.

 

Ainsi, les modes opératoires mis en œuvre obéissent à une recherche de maîtrise maximale des impacts environnementaux. Le recours aux interventions aériennes s’inscrit dans cet objectif, permettant d’éviter une pression physique sur les milieux tout en traitant de grandes superficies dans un temps minimal, devançant ainsi des éclosions synchrones.

 

7. Les opérateurs publics de démoustication ont produit des efforts considérables dans le sens d’une démarche qualité, incluant l’évaluation de leurs activités (traçabilité, mesure de l’efficacité, certification d’un de leurs membres), afin d’optimiser leurs outils et de rendre compte.

 

Ils multiplient les échanges d’expériences entre eux et avec des opérateurs européens ou d’autres continents, comme moyen d’atteindre l’excellence. Ils s’investissent dans un projet ambitieux et améliorateur, retenu dans le cadre du programme européen LIFE+ (2010 - 2013). Ils analysent la demande sociale à laquelle ils répondent, afin d’ajuster et de cibler leurs pratiques, conformément à la commande qu’ils reçoivent de leurs autorités publiques de tutelle.

Situation actuelle

Depuis quelques années, en application de la directive européenne de 1998 « biocides », le panel des insecticides homologués pour la démoustication s’est réduit en nombre, au-delà du raisonnable. En 2010, cette paupérisation des moyens est devenue excessive voire dangereuse :

 

S’agissant des larvicides (insecticides utilisés pour le contrôle des moustiques à l’état larvaire), un seul produit est désormais communément disponible : un insecticide d’origine biologique  (Bacillus thuringiensis israelensis - Bti), agissant par ingestion et non par simple contact, reconnu pour sa très grande sélectivité mais dont l’efficacité reste tributaire des modalités d’application, de la configuration des milieux et des conditions climatiques. Si quelques insecticides issus d’autres familles de produits, tels que les régulateurs de développement d’insectes, sont potentiellement utilisables pour le contrôle des moustiques à l’état larvaire, ils sont plutôt à réserver à un usage urbain ou périurbain, en raison d’une moindre sélectivité envers les arthropodes non cibles.

 

S’agissant des imagocides (insecticides utilisés pour le contrôle des moustiques à l’état adulte), dès le retrait du marché du dernier insecticide disponible, le fénitrothion, programmé en septembre 2010, plus aucune substance ne sera homologuée pour cette application en milieux ouverts. Seules des applications resteront possibles en zones agglomérées, à partir de pyréthrinoïdes.

 

Les traitements aériens sont menacés, au titre de la directive cadre européenne du 13 janvier 2009 sur « l’utilisation durable des pesticides », qui vise l’interdiction de ceux réalisés pour des objectifs phytosanitaires (agriculture). Les applications de démoustication relèvent du domaine biocide (santé publique) mais seront tôt ou tard concernées, par parallélisme des formes. Or en Méditerranée, 70 % des traitements de démoustication doivent être réalisés par voie aérienne.

 

Il résulte de l’ensemble de ces éléments :

- un risque accru d’échecs ponctuels dans l’espace et dans le temps.

- l’impossibilité de toute reprise de traitements larvicides partiellement ou totalement inefficaces.

- l’incapacité de protéger des zones agglomérées exposées à des invasions de moustiques, nuisants et/ou vecteurs, provenant de secteurs non démoustiqués (exemple de la Camargue).

- la difficulté de traiter de vastes zones avant que s’exprime la nuisance ou le risque vectoriel.

Demandes et actions urgentes

Les collectivités et opérateurs territoriaux membres de l’ADEGE expriment, en l’état actuel des données dont ils disposent, des réserves expresses sur l’emploi du Bti comme « seule alternative ». Aussi :

N’ayant pas la capacité, en termes d’influence, de montants de marché ou de surface financière, de développer directement de nouvelles molécules et formulations ou de peser sur le secteur industriel afin qu’il y procède, ils demandent avec insistance à l’Etat de prendre ses responsabilités, en se rapprochant instamment des sociétés productrices, en vue de mettre en œuvre sans tarder les processus utiles à l’identification d’une ou plusieurs substance(s) active(s) pour les applications anti-moustiques à l’état larvaire et à l’état adulte, en y contribuant financièrement si nécessaire, d’instrumenter les procédures d’homologation et de commercialiser à un prix abordable une pluralité d’insecticides de nouvelle génération répondant à l’efficacité attendue et à la préservation des milieux.

Les opérateurs de démoustication demandent à être consultés en amont de tout projet de modification des règlements européens concernant leurs activités et de toute transcription en droit national, en particulier de la directive du 13 janvier 2009 sur « l’utilisation durable des pesticides » et de son éventuelle extension au champ des traitements aériens biocides.

Ils s’engagent, à cette fin, en appui sur leurs collectivités de tutelle, à intensifier leur effort d’information, en direction des ministères et administrations centrales principalement concernés (au premier rang : Ecologie, Santé), des directions générales de la Commission européenne (Environnement, Santé et Consommateurs) et du Parlement européen, par des rendez-vous, réunions et colloques scientifiques, et à communiquer activement auprès de tous les publics concernés.

 
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